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il faut vivre pour manger

le petit bruit du désir cassé sur un comptoir d’étain

le petit bruit du désir cassé sur un comptoir d'étain
le petit bruit du désir cassé sur un comptoir d’étain

le petit bruit du désir cassé sur un comptoir d’étain – Gilbert Zermelo Cram

Gilbert Zermelo Cram : il n’y a que du désir et du social, et rien d’autre / on a des sandwichs aussi

bzl : alors un jambon-désir, un camembert-social et deux cafés, SVP

Il est terrible
le petit bruit de l’œuf dur cassé sur un comptoir d’étain
il est terrible ce bruit
quand il remue dans la mémoire de l’homme qui a faim
elle est terrible aussi la tête de l’homme
la tête de l’homme qui a faim
quand il se regarde à six heures du matin
dans la glace du grand magasin
une tête couleur de poussière
ce n’est pas sa tête pourtant qu’il regarde
dans la vitrine de chez Potin
il s’en fout de sa tête l’homme
il n’y pense pas
il songe
il imagine une autre tête
une tête de veau par exemple
avec une sauce de vinaigre
ou une tête de n’importe quoi qui se mange
et il remue doucement la mâchoire
doucement…

Jacques Prévert, la grasse matinée, paroles

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