Cela fait de nombreuses années que ma mère m’a mis au monde dans une des pièces de notre maison d’enfance. Les années sont passées si vite pleines de hauts et de bas. Ce que vous regardez sont des placeographies de toute ma vie. Un récit de la forme du temps perdu et de l’accumulation des souvenirs, un récit sans simple narration. Je suis présent dans les cadres jusqu’à ce que ce qui provoque l’oubli et le changement ne puisse dissocier ma vie passée et mon monde photographique d’aujourd’hui. L’abrasion fournit des canaux pour ruiner et changer un objet, un lieu et une maison, mais ne peut jamais manipuler ou ruiner un souvenir et c’est cet incident intact du monde photographique qui m’avale. »
« Utilisant un amalgame de procédures dérivées du formalisme de l’expressionnisme abstrait du XXe siècle, de la peinture rétinienne de l’impressionnisme du XIXe siècle et de la lumière et de la forme objectives du baroque du XVIIe siècle, et synthétisées à travers l’objectif pictural d’un drame shakespearien mis en scène, mon travail cherche à démontrer comment la vie s’étend au-delà de ses propres limites subjectives et raconte souvent des histoires qui illustrent les effets de la prise de conscience culturelle au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Une époque qui nous a présenté un nouvel humanisme, avec la révolution sexuelle et avec le mouvement des femmes.
Je veux dire déconstruire les binaires que nous reconstruisons continuellement entre le « Drame » et l’« Usuel », entre le « Moi » et le « Collectif », entre la « Vie » et la « Mort ». En prenant comme sujet des moments extraordinaires mais collectifs de la vie quotidienne, et en sondant le rythme qui articule le flux de moments extraordinaires qui nous sont communs à tous, et en les imprégnant d’une partie de l’esthétique du théâtre en direct, et en le plaçant sur la toile en tant que scène, je tente de séduire le spectateur pour qu’il porte un regard neuf sur la condition humaine.
Je recherche la poésie de l’extraordinaire telle qu’elle est ancrée dans l’ordinaire. Sont choisis et dépeints des moments familiers de notre existence collective qui n’existent que pour ponctuer le drame humain et éclairer notre existence.
« Mère » est très souvent dépeinte dans ces événements extraordinaires comme le héros, la pourvoyeuse de vie, la racine de la civilisation. Elle est notre conscience collective. »